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MICHEL PICCOLI |
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Réalisateur, Acteur, Producteur, Coproducteur, Scénariste, Dialoguiste français
Décédé le 12 mai 2020
Né le 27 Décembre 1925 à Paris, Michel Piccoli est le fils d'un violoniste venant d'un milieu modeste et d'une pianiste, issue d'une famille bourgeoise. Ils l'ont conçu après avoir perdu un premier enfant. Il fait ses études au collège d'Annel, à l'École Alsacienne et au Collège Sainte-Barbe à Paris. A l'occasion d'un spectacle de fin d'année, un déclic se produit chez cet adolescent introverti qui s'épanouit sur les planches. Décidant de devenir acteur à 18 ans, il prend des cours de théâtre chez Andrée Bauer-Thérond, puis René Simon. Il fait ses débuts au cinéma avec une figuration dans le film "Sortilèges" de Christian-Jaque et trouve un premier vrai rôle (celui d'un mineur) dans "Le Point du jour" en 1948, il se consacre surtout à la scène, au sein des compagnies Renaud-Barrault et Grenier-Hussenot ou encore du très novateur Théâtre de Babylone.
Alors qu'il joue au théâtre, il écrit à Luis Buñuel pour qu'il vienne le voir. Celui-ci est venu et ce fût le début d'une longue complicité. Il jouera dans six de ses films dont les fameux "Journal d'une femme de chambre", "Belle de jour" et "Le charme discret de la bourgeoisie". A cette époque, il croise le tout Saint-Germain-des-Prés et connaît Boris Vian, Jean-Paul Sartre et Juliette Gréco qui sera sa compagne pendant onze ans (ils se marient en 1967). Son penchant politique pour le communisme se renforce alors. Les années 60 sont riches de jolies rencontres. Jean-Luc Godard lui offre un de ses premiers rôles principaux dans le mémorable "Mépris", qui lui donne accès à la célébrité et dans lequel il forme avec B. B. un couple de légende. Mais aussi Jean Aurel avec "De l'Amour", Costa-Gavras dans "Compartiments tueurs", Roger Vadim dans "La Curé", Alain Resnais dans "La Guerre est finie", Jacques Demy dans le spectaculaire "Les Demoiselles de Rochefort", Michel Deville dans "Benjamin ou les mémoires d'un puceau", Caude Sautet dans "Les Choses de la vie", "Max et les ferrailleurs", Alfred Hitchcock dans "L'Etau"... il n'a rien d'un héros mais il a tout de l'alter égo.
En 1954, il se marie avec l'actrice Eléonore Hirt. elle lui donne une fille Anne-Codelia Piccoli. Puis de 1966 à 1977 il épouse la chanteuse Juliette Greco.
C'est en 1968 qu'il rencontre Marco Ferreri qui lui donne un rôle dans "Dillinger est mort". Ensemble, il tourneront six films dont la très controversée "Grande Bouffe" en 1973 où il met à mal son statut de vedette en incarnant un homo. Parce qu'il est un de ces acteurs fidèles auquel les réalisateurs font souvent appel au fil des ans. IL est l'alter ego de Claude Sautet dans "Les Choses de la vie" en 1970 ou "Vincent, François, Paul et les autres", subtiles chroniques qui lui assurent les faveurs du public. Il est ensuite un homme amoureux d'une poupée gonflable dans "Grandeur nature".En 1978, il épouse la scénariste Ludivine Clerc, ils adoptent deux enfants d'origine polonaise, Inord et Missia.
Il se délecte à jouer les escrocs dans "Sept morts sur ordonnance" et dans "Le Trio infernal". Il se prend aux jeux de l'ambiguité, comme en témoignent ses prestations dans "Le Saut dans le vide" et "Une étrange affaire" - deux rôles qui lui valent un prix d'interprétation, le premier à Cannes en 1980, le second à Berlin en 1982.
Il en profite aussi pour élargir sa palette d'acteur et prouver sa capacité à exceller dans des registres très variés. Il aime changer de cinéastes : rien que dans les années 80, il tourne avec Doillon, Boisset, Scola, Chahine, Deville. On retient surtout son passage chez Carax et le passionnel "Mauvais sang", Malle et l'impeccable "Milou en Mai" et Dembo avec l'oscarisé "Diagonale du fou". Le fou gère sa carrière en diagonale justement. Sans calculs. Il attire les projets les plus étranges, les nouveaux talents ne lui font pas peur, il entretient la controverse et refuse l'embourgeoisement (Noiret) ou l'isolement (Trintignant). Citoyen engagé, producteur courageux "Le Général de l'armée morte", le comédien met sa notoriété au service de jeunes auteurs tels que Doillon dans "La Fille prodigue" où il joue un père incestueux.
Dans les années 90, il a envie de voir ce qui se passe de l'autre côté de la caméra : en 1991, il réalise un court-métrage pour l'oeuvre politique collégiale "Contre l'oubli". En 1994, il s'essaye à un second court-métrage, "Train de Nuit", dans lequel il joue aux côtés de Dominique Blanc. En 1997, il tourne son premier long, "Alors Voila", de nouveau avec Dominique Blanc, dans lequel un homme cherche tant bien que mal à préserver la cohésion de sa famille turbulente. Ce film reçoit les honneurs de la critique mais un accueil partagé de la part du public, ce qui ne déplait pas à son auteur. Il continu en parallèle sa carrière de comédien avec des rôles marquants le peintre intransigeant de "La Belle Noiseuse" sélectionné à Cannes en 1991, l'étrange psy de "Généalogies d'un crime" ou encore l'acteur en crise de "Je rentre à la maison". Agnès Varda voit juste en lui donnant, en 1995, le rôle de Monsieur Cinéma dans ses "Cent et une nuits" à l'occasion du centenaire du cinématographe Lumière. Qui d'autre pouvait incarner ce guide spirituel (dans tous les sens du terme), idéaliste, et symbole d'un cinéma riche en styles. Il a toujours refusé le formatage. Il est du coup l'un de nos talents les plus singuliers. Il revient alors sur les planches avec "Jalousie" de Sacha Guitry.
Il est tyrannique dans "La puritaine", mari brutal dans "Une chambre en ville" ou encore mari jaloux pour "Péril en la demeure". Pour son second long métrage "La Plage noire", il signe une réflexion sur l'exil et la liberté. La singularité du metteur en scène se confirme avec "C'est pas tout à fait la vie dont j'avais rêvé", troisième opus présenté en Sélection officielle à Cannes en 2005.
Il est aujourd'hui considéré comme un monstre sacré qui aura incarné tous les âges de la vie, travaillé avec des comédiens talentueux et tourné avec les plus grands réalisateurs. A ce titre, il est devenu officiellement, le président de l'association "Premier siècle du cinéma" en 1995. En 2007, il est membre du Jury des longs métrages du Festival de Cannes, présidé par Stephen Frears. Il foule de nouveau la croisette l'année suivante pour la présentation du film de Bertrand Bonello "De la guerre" à la 40ème quinzaine des réalisateurs.
Amateur de littérature, il a également enregistré la lecture des "Fleurs du mal" de Charles Baudelaire et de "Gargantua" de François Rabelais.
En 2011, il revient à Cannes avec Nanni Moretti pour le film "Habemus Papam". Si le jury se prononce finalement en faveur de son compatriote Jean Dujardin, son interprétation d'un pape dépressif et en proie au doute lui vaut les éloges des critiques du monde entie. Il tourne ensuite avec Alain Resnais, dans "Vous n'avez encore rien vu".
Michel Piccoli est décéde le Lundi 12 Mai 2020 à l'âge de 94 ans des suites d'un accident cérébral.
Photos: Thierry Vaslot (A.C.R.)
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