Zoom Coup de Pouce
Sortie : le 21 Mars 2012
VU - 3 Zooms
Film français
Réalisé par Benoît Jacquot d'après le roman de Chantal Thomas
Avec Léa Seydoux…
Drame historique – 1h40 -
Rencontre Ciné-Zoom Photo et Interview avec le réalisateur et l'auteur du roman aux 2èmes Rencontres du Sud d'Avignon 2012.
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Titre original : Les adieux à la reine
Musique originale de Bruno Coulais
Avec aussi : Diane Kruger, Michel Robin, Virginie Ledoyen, Noémie Lvovsky, Xavier Beauvois, Vladimir Consigny, Julie-Marie Parmentier, Lolita Chammah, Marthe Caufman, Grégory Gadebois, Francis Leplay, Luc Palun…
Notre avis : Benoit Jacquot nous montre Versailles comme on ne l’a pas souvent vu au cinéma, si ce n’est jamais. Il revisite l’Histoire, tout en nous proposant quelque chose de crédible sur les rapports entre la Reine Marie-Antoinette et sa lectrice, en s’inspirant du roman fort documenté de Chantal Thomas paru en 2002. Une description organique de l’univers clos de toute une population vivant en autarcie à la cour du Roi., qui nous mène de la chambre de la Reine, aux grandes salles du Palais, en passant par les couloirs et les combles de tout ce monde au service du couple royal. Parfois, nous avons l’impression, que cela se passe de nos jours et que l’on n’est seulement avec ces personnages complexes et ambigus, qui nous font oublier Versailles et son côté fastueux. Nous ne sommes ni dans la parade, ni dans le démonstratif, mais dans l’intime, comme sait si bien le rendre le réalisateur à travers ses œuvres, en nous faisant une proposition réelle de cinéma. La distribution est parfaitement crédible, comme le point de vue exposé. Gérard Chargé - 3 Zooms -
Benoit Jacquot « Le film est une rêverie que j’ai eu en lisant le livre. Le couple royal était un couple improbable : une carpe et un lapin. Marie-Antoinette, quant à elle, c’était la première véritable Reine de France : avant elle, c’était des princesses ou des favorites. Camille Desmoulin, qui s’est penché sur son cas, dit qu’on l’a décapité, par mépris de son statut de Reine. Ce qui m’intéresse, avec mes personnages, c’est de saisir la façon la plus complexe, la plus ambiguë, inattendue et emblématique de leur personne. Fabriquer du neuf avec de l’ancien, avec l’idée de redonner une présence au sens présent. On sait que cela c’est passé, mais on donne un point de vue sur l’histoire, avec un point de vue politique. C’était pour moi, une évidence de faire ce film : le roman est nourri de détails précis, de liens physico-physiques. Je n’avais pas besoin d’avoir d’autres sources et de faire des recherches supplémentaires.»
Ciné-Zoom : la Révolution est aux portes, mais on entend que des bribes d’infos, et ces serviteurs sont en dehors des élans de révolte du peuple.
Benoit Jacquot « Pour moi, le mot peuple est le plus suspect qui soit. Ce mot date du 19ème siècle, on ne représente pas le peuple. Dans le film, on suit quelqu’un qui parcoure le château de Versailles de fond en comble, pendant toutes ses journées. On la suit, c’est un huis clos très différend du noble à l’ignoble et inversement. Ce n’est pas une pièce montée. Chez Jean Renoir, sa vision est celle d’un passé qu’il fait devenir présent. Même si j’admire ce réalisateur, je ne suis pas d’accord avec cela. Sa représentation du peuple me déplait. Dans »La Marseillaise », le Roi joué par Pierre Renoir est formidable. Dès qu’il est avec le peuple, avec les marseillais qui monte à Paris, ça ne va plus. »
Chantal Thomas « A la sortie du roman en 2002, le producteur du film, m’avait déjà dit, que c’était un roman adaptable et que cela ferait un beau film, il ne restait plus qu’à trouver le réalisateur. Mais je n’aurai jamais pensé que cela se ferait, même en l’écrivant… Avant d’écrire mes romans sur Versailles (ils se passent tous à Versailles), ce qui m’a fasciné, c’est que 3000 personnes vivaient là, dans un monde extérieur à la ville, en complète isolation et protection du royaume, entre serviteurs et nobles de la cour du Roi. Le livre précédent « Les adieux à la Reine », c’était « La Reine scélérate », m’avait déjà incité à voir différents regards portés sur Marie-Antoinette, sur qui des accusations avaient été portées au procès, sur son homosexualité, sur l’inceste, etc. A cette époque, les pamphlets qui étaient écrits véhiculaient de vraies ou de fausses idées sur la cour, mais ce n’est pas le plus important. J’ai essayé de faire la part des choses et pour cette histoire, je me suis inspirée de l’époque de l’adolescence, qui pouvait développer des sentiments sensuels et amoureux autres. J’ai écrit avec un fil d’émotion, sur des jeunes filles qui pouvaient être inséparables, dans leurs désirs sexuels naissants. De plus, c’était un monde où l’on n’existait que par et à travers sa fonction à la cour.»
Propos recueillis par Gérard Chargé.
Photos : Thierry Vaslot (ACR)
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