Zoom Coup de Foudre
Sortie : le 5 Décembre 2012
VU - 4 Zooms
Film français
Réalisé par Catherine Corsini
Avec Raphaël Personnaz…
Drame - 1h40 -
Rencontre Ciné-Zoom Photos avec l'équipe au 65ème Festival International du Film de Cannes 2012 et Interviews avec Catherine Corsini, Raphaël Personnaz et Clotilde Hesme à Paris.
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65ème FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE CANNES 2012
Distributeur : Pyramide Distribution
Musique originale de Grégoire Hetzel
L'histoire : Un jeune homme d’origine modeste, est sur le point d’épouser la fille de son patron et de succéder à ce dernier à la tête de sa concession automobile. Une nuit, après l’enterrement de sa vie de garçon, il renverse un inconnu mais, poussé par ses deux amis d’enfance, il abandonne le blessé et s’enfuit.
Le lendemain, rongé par la culpabilité, il décide de prendre des nouvelles de l’accidenté. Ce qu’il ignore, c’est que la nuit de l’accident, une jeune femme a tout vu depuis son balcon. Descendue porter secours à la victime, elle s’est mise en tête d’aider la femme, une Moldave sans-papiers.
Mais lorsque la témoin reconnaît dans un couloir de l’hôpital l’homme qu’elle a vu s’enfuir après l’accident, elle est incapable de le dénoncer…
Rencontre Ciné-Zoom Photos avec l'équipe au 65ème Festival International du Film de Cannes 2012 et Interviews avec Catherine Corsini, Raphaël Personnaz et Clotilde Hesme à Paris.
Catherine Corsini "Rivette a dit : "Un film, c'est un documentaire sur le tournage", j'ai intégré dans l'histoire, le fait que Clotilde était enceinte et cela a servi le scénario, en réécrivant son personnage et que ça justifiait plein de choses et enrichissait cette femme témoin de l'accident. Le film pose principalement des questions sur la culpabilité. J'avais envie de faire un film sur la maturité et sortir de mes personnages féminins habituels et raconter des choses plus amples sur le monde. Dans "Partir", il y avait déjà la thématique de plusieurs mondes qui étaient en confrontation. Ici, je suis partie d'une situation assez banale et comment cette histoire fait tache d'huile et réunit trois destin différents. Et je voulais montrer comment à travers ces trois univers, on raconte le monde d'aujourd'hui : le monde des gens illégitimes, parce qu'ils n'ont pas de papiers; celui de ceux qui sont à la fac et de ceux installés dans un travail. J'avais envie de mélanger ces mondes, car quand ont est à Paris, on y est confrontés tout le temps. La violence du quotidien est très présente. C'est pour cela, que cette personne, qui en renverse une autre, prend la fuite, parce qu'il n'a pas le temps (il est pris par la rapidité de la vie), qu'il est en pleine ascension sociale : c'est ce qui amène à la cruauté, à la détresse. C'est rude, on assiste à ça en permanence. Je ne voulais pas que ce soit la société qui juge ce personnage, mais les gens qu'il avait meurtris et que ce soit lui-même qui prenne conscience de sa lâcheté et des conséquences de son acte. Je pense qu'aujourd'hui, parfois il y a des gens qui vont en prison, qui n'y comprennent rien et qui n'y apprennent rien. En parlant de cela, j'ai vu le film des frères Taviani "César doit mourir", c'est extraordinaire. Des prisonniers vont comprendre ce qu'est l'art et ça les sauve de quelque chose. Pour moi, c'est l'inverse du "Prophète" de Jacques Audiard."
Clotilde Hesme "J'avais été bouleversé par "Partir", le précédent film de Catherine... Jusqu'à un certain point, j'aurai fait comme mon personnage, je serais descendu et j'aurai appelé les secours si j'avais été témoin d'un accident de ma fenêtre. J'ai appris, que mon personnage était la bonne conscience de gauche de Catherine. Par le biais de mon personnage, elle voulait s'interroger, avec des valeurs et une morale lui appartenant. Mon personnage à une forme de naïveté, elle veut aider et bien faire. Sur le tournage, Catherine, s'attachait à créer une tension entre les personnages, quelque chose de tendu : on travaillait beaucoup cela. Personnellement, j'étais dans un état particulier, j'étais réellement enceinte et ça risquait de se voir de plus en plus, surtout que le personnage elle est au début de sa grossesse. Cela ne se voyait pas tant que ça et finalement, ça a enrichi et le personnage et l'histoire. On a fait en priorité les plans où l'on me voit de plein pied. C'était particulier et c'est sur que quand on fait un film dans cet état-là, on vie des situations, mais aussi on se laisse porter. Il y a quelque chose dans votre réalité qui est tellement plus fort, que toute la fiction que l'on raconte (et c'est pas pour minimiser mon jeu), que c'est incroyable comme expérience. J'ai fini le film, j'étais à 7 mois de grossesse. A la fin du tournage, c'est dingue, mon ventre est sorti d'un coup... Du coup, je comprends les femmes qui font un déni de grossesse et qui peuvent accoucher sans que ça se voit. Je pense que être enceinte, influe sur le jeu, je me ménageais, je ne voulais pas être tout le temps sous tension. On est encore plus perméable à tout ce qui se passe, tout est en éveil et on a une acquittée plus forte, on a beaucoup d'énergie. Pour moi, c'était très joyeux."
"J'ai tourné depuis, la série de Canal+ "Les revenants", c'est tellement exigeant, qu'on dirait un film de cinéma. C'est tellement beau visuellement, la direction d'acteurs est dingue, que je trouve cela génial et démente. On n'a vraiment quelque chose d'original, jamais fait en France en fantastique."
Raphaël Personnaz "Le défi, pour moi, sur ce personnage, c'était d'incarner ce côté taiseux, de faire passer certaines émotions malgré son côté très froid et sec qui était dans le scénario. C'était important de restituer cela pour ne pas tomber dans le larmoyant. Ce qui était intéressant aussi, c'est que c'était un personnage, d'un milieu social que l'on a pas l'habitude de voir au cinéma, sinon d'une façon trop caricaturale, je trouve. Avec Reda et Alban, on est allés dans une concession automobile (celle où l'on a tourné finalement) et on s'est rendu compte, que c'étaient des déçus du "travailler plus, pour gagner plus". Le remord du personnage, son incapacité à voir les choses telles quelles sont après un tel accident : tout ça peut expliquer sa lâcheté au moment de l'accident. Et j'ai trouvé que tout cela posait plus de questions que ça n'apportait de réponses. Pendant les deux mois du tournage, je m'étais fixé comme règle, de m'isoler au maximum et de pas me laisser parasiter par l'extérieur, et de passer par tous les états que ce personnage devait ressentir aux moments des faits, sans les surjouer ensuite dans le film, parce qu'il ne s'agissait pas de ça. Est-ce que c'est du remord, une incapacité à comprendre ce qu'on aurait fait soit même. J'avais entendu un témoignage avant, d'un homme qui roulait sur l'autoroute et qui a heurté un autre homme qui changeait une roue à sa voiture sur le bord de la voie : pendant 60 kilomètres, il avait été incapable de s'arrêter. Il était pris dans une sorte de transe, il y avait du sang sur le pare brise, c'est en arrivant au péage en ralentissant qu'il sait rendu compte de se qui s'était passé, et il est retourné sur les lieux de l'accident. Ce personnage dans le film, n'est pas un salaud, toute sa vie, il s'est battu pour être honnête. Le personnage extérieure de Clotilde, le témoin qui va le retrouver, va l'élever et reconnaître que c'est un être humain. Elle le pousse à faire quelque chose de courageux... Grâce, et malheureusement à cet accident, il va peut être accéder à ses vraies aspirations. La mort de cet homme le fait vivre. Et pour moi, cela a été un voyage intérieur. Je sors de ce film-là avec plus de questionnement que de réponses, comme je disais au début, même en sortant de la projection. C'est une histoire qui peut arriver à n'importe qui... "
"C'est à partir de "La princesse de Clèves" de Tavernier, que tout a changé pour moi : je jouais la comédie depuis l'âge de 12 ans. Plus tard, j'ai réussi à en vivre, et avant ce film-là, qui était sous tous les projecteurs à Cannes, je n'avais pas de bonnes choses à faire. Maintenant, j'enchaîne et je vais refaire du théâtre après cinq ans d'arrêt. On va bientôt me voir dans "La poussette", une comédie, Un film qui est attendu et très drôle."
Propos recueillis par Gérard Chargé.
Photos à Paris : Gérard Chargé (A.C.R.)
Photos Cannes : Thierry Vaslot (A.C.R.)
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