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L'ORDRE ET LA MORALE

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L'ORDRE ET LA MORALEZoom Français

Sortie : le 16 Novembre 2011

VU - 3 Zooms

Film français
Réalisé
par Mathieu Kassovitz, d'après "La morale et l'action" de Philippe Legorjus
Avec Mathieu Kassovitz...
Drame – 2h16 -
Rencontre Ciné-Zooms Photos et Interview avec le réalisateur au Cinéma Cézanne à Aix en Provence.

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L'ORDRE ET LA MORALETitre original : L'ordre et la morale

Distributeur : UGC Distribution


Musique originale de Klaus Badelt
 

Avec aussi : Iabe Lapacas, Malik Zidi, Alexandre Steiger, Daniel Martin, Philippe Torreton, Sylvie Testud,  Steve Une, Patrick Fierry, Philippe de Jacquelin Dulphé, Jean-Philippe Puymartin, Stefan Godin, Mathieu Lardier, Covarel Garcia Elric, Marc Robert, Xavier Jozelon...



L'histoire: Avril 1988. Île d'Ouvéa, Nouvelle-Calédonie.L'ORDRE ET LA MORALE Un groupe d'indépendantistes Kanaks attaque la gendarmerie de Fayaoué, tue 4 gendarmes et en enlève 30 qu'ils vont retenir en otage dans une grotte isolée sur cette toute petite île. L'État français envoie l'Armée avec 300 hommes et un véritable arsenal de guerre pour rétablir l'ordre.

Entre le premier et le second tour des élections présidentielles, opposant François Mitterrand et son Premier ministre Jacques Chirac, le capitaine Philippe Legorjus du GIGN va passer 10 jours à négocier avec les différents acteurs de ce drame, sans parvenir à éviter l'assaut final qui conduira à la mort de 19 Kanaks et de 2 militaires.

L'ORDRE ET LA MORALE Notre avis : Un film nécessaire, pour parcourir le chemin de la vérité et pour apaiser les haines. Une reconstitution jour par jour des faits réels de cet événement. Un questionnement sur la médiatisation de tels événements à travers les dirigeants français en pleine élection présidentielle, qui dévoile certaines zones d’ombre sur les décisions prises, sur la manipulation exercée, les promesses proposées pour sortir de l’impasse et sur les trahisons de haut niveau, mais qui aboutissent malheureusement à l’exécution des ordres venus d’en haut. Où l’ordre doit-il se placer par rapport à la morale  et aux intérêts personnels des gouvernants ? Telle est la question que soulève Mathieu Kassovitz, avec ce film coup de poing, qui incite à la divulgation de la vérité. C’est incroyable, mais vrai : comment peut-on laisser faire de telles choses et au nom de quoi ? Nos dirigeants auraient besoin de retourner à l’école… Gérard Chargé - 3 Zooms -

Rencontre Ciné-Zooms Photos et Interview avec le réalisateur au Cinéma Cézanne à Aix en Provence.

Mathieu Kassovitz « Je suis tombé dans cette affaire il y a 10 ans, j’ai rencontré les protagonistes qui ont vécu ces événements et j’ai voulu suivre le même processus que pour « La haine », où j’étais sur place dans les cités, en rencontrant les gens qui y vivent. Là en plus sur un tel événement, je ne pouvais pas le faire sans les habitants d’Ouvéa, qui ont vécu cela et les générations suivantes qui ont tous un membre de leur famille, qui y ont participé de près ou de loin, ou encore des enfants de victimes mortes lors de cette attaque historique du GIGN, il y a 23 ans. C’est un des comédiens que je dirigeais dans « Les rivières pourpres », qui a permis ces rencontres : il m’a expliqué qu’il avait vécu 6 mois en Nouvelle-Calédonie, en 1989. Il me raconte comment il a été accepté là-bas, comment il s’est pris d’une grande passion pour ce pays et pour ces habitants. Il a séjourné là-bas en contact direct avec les gens qui ont vécu les événements d’Ouvéa. Depuis il y est retourné plusieurs fois, je lui ai alors demandé de m’organiser un voyage et de me faire rencontrer ces gens. Au départ, ils avaient peur de se faire trahir une nouvelle fois, tout comme les militaires de l’époque avaient trahi Alphonse Dianou. Toutes les personnes que j’ai rencontrées et qui sont dans le film sont intimement liés à cette histoire (frères, pères, mères de victimes). On a passé 10 ans à échanger avec eux pour parler des raisons de faire ce film. Chaque année j’y ai passé un certain temps, par laps de temps de 15 jours. Mon assistant lui, a passé 3 ans à suivre tout le monde. On a appris énormément, j’ai appris ce que c’était qu’être Kanak. Il y avait aussi des gens qui ont participé à l’attaque de la gendarmerie. Au début, 99% était contre l’idée de faire le film, à la fin, 99% était pour. Il a fallut que l’on se prête au jeu de « La coutume » (qui est au cœur de la culture Kanak), liée à la politesse de l’accueil, une obligation de bien se comporter : des grandes discutions où tout le monde expose son point de vue et où à chaque fois, à la fin de chaque discussion une décision est prise. Il faut que tout le monde soit d’accord pour que des choses se fassent. C’est leur respect pour recevoir et écouter quelqu’un, c’est aussi le respect de la personne qui reçoit, que l’on soit du même avis ou pas, sur ce dont on discute. Nous avons maîtrisé le sujet sur ces 10 ans de préparation. » 

« Il y avait déjà tout dans le livre écrit il y a 13 ans par des journalistes : « Enquête sur Ouvéa », tout était décrit minutes par minutes durant ces 10 jours, avec Legorjus lui-même qui est considéré comme un traître aux yeux des Kanaks. On ne peut pas inventer tout cela. Je n’ai pas de message autre que l’histoire que j’ai lu. C’est incroyable : il faut que tout le monde connaisse cette histoire. C’est difficile de comprendre ce qui s’est passé politiquement. J’avais 18 ans à l’époque, je me souvenais de ce que l’on avait dit aux infos : que les Kanaks avaient massacré des gendarmes à la machette avant d’en prendre d’autres en otage, qu’il y avait eu des viols, des décapitations… Je me rappelais ce qu’avait dit Chirac, premier ministre à l’époque, que c’étaient des êtres humains qui ne méritaient pas d’être traités comme tels… C’était entre les deux tours de l’élection présidentielle, qui opposait Mitterrand et Chirac, en pleine cohabitation. Dans ce livre, j’ai découvert une toute autre histoire, le compte rendu d’une enquête qui affirmait qu’il y avait eu maltraitance, que des exactions avaient été commises, qui avaient conduit à la mort de 19 Kanaks. »

« Dans ce film, j’ai engagé mes responsabilités jusqu’au bout, en interprétant le personnage de Philippe Legorjus. C’était un symbole pour eux, et ça a rassuré tout le monde. J’ai rencontré Philippe pendant 10 ans aussi. Pour jouer Alphonse Dianou, qui est un peu pour les Kanaks comme un Jean Moulin en France, il fallait quelqu’un de légitime, qui ait cela dans le sang. Iabe Lapacas est devenu acteur avec le film, car il portait toute l’âme d’un peuple. Mon directeur de casting est tombé sur lui, il vit en métropole et y fait des études d’avocat. Il se trouve qu’en plus, c’est un cousin d’Alphonse Dianou.»

« Legorjus a vu le film et il ne se sent pas trahi, par contre, pour les Kanaks, il leur faudra du temps pour qu’ils changent l’approche avec lui, sur le dilemme qu’il représente en tant que négociateur, puisqu’il na pas tenu (ou pas pu tenir), sa parole. Il y a aussi des membres du GIGN, qui n’ont pas compris qu’il ne soit pas sur le terrain avec eux lors du 1er assaut. La dernière phrase du film a toute son importance pour les zones d’ombre : « Il est important de dire la vérité. », car sinon cela entretient les haines et attise les choses… On a fait ce film pour les jeunes qui ne parlent pas toujours avec leurs parents, pour les apaiser, ils ont besoin de savoir. En sortant du film, ils pourront voir que les militaires ne sont pas tous des salauds, et les Kanaks pas des sauvages. Ce ne sont pas des coupeurs de têtes, on faisait croire à l’époque qu’ils avaient coupé les têtes des gendarmes. Il faut arrêter ces rumeurs, pour être plus proche de la réalité et que toutes les parties le reconnaissent. Rocard aussi, va parler du film à l’avant-première parisienne. »

« On a tourné à Anac, une petite île à côté de Papeete : tourner directement à Ouvéa, nous étions prêts à le faire, mais c’était difficile pour les Kanaks : il leur fallait du recul, étant trop proche des événements. Il y avait sur le tournage des fils dont les pères avaient été tués. On a été au cœur même des gens légitimes de cette histoire. Pour le titre, de mon point de vue, faire ce film, c’était rétablir l’ordre et la morale qui était essentiel, alors j’ai modifié l’intitulé du livre de Legorjus qu’il avait titré « La morale et l’action », de son point de vue. »

« Sur Dailymotion, il va y avoir le makin-off du film, vu par les Kanaks, ainsi que le making of fdu film « Babylon A.D. », intitulé « Babylon : fucking Kassovitz », qui n’est pas sur le Dvd de ce film. Maintenant j’assume. »

Photo et propos recueillis par Gérard Chargé.

 
 

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