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MR. NOBODY |
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Rencontre Ciné-Zoom Photos et Interview avec Jaco Van Dormael à Paris.
* Il y a plus de 10 ans que vous n'avez pas fait de film.
"J'ai un rythme de vie simple et le temps m'appartient. Après chaque film ("Toto le héros" et "Le 8ème jour"), j'ai vécu à chaque fois des fruits que l'on a récoltés. Et puis, j'aime bien écrire, et je ne m'embête pas quand j'écris : quand que réalise un film, non plus. Je ne voulais pas dire que filmer m'ennuie, non mais le temps est passé si vite depuis "Le 8ème Jour" en 1996. Je n'ai fait que préparer et écrire ce film. A chaque film, je veux toujours faire quelque chose de plus difficile. Le quotidien d'un scénariste, c'est que ça ne marche pas tous les jours. Au bout de 3 ans, on ne sait pas si c'est bon, et au bout de 6 ans, je pense que je suis plus compétent. Je voulais me débarrasser de mes acquis, faire quelque chose qui ne doit pas marcher, mais qui marcherait quand même. C'est le film d'une première jeunesse. Il me fallait essayer de faire un film tout en réfléchissant à comment parler de la vie, avec un médium qui n'est pas la vie, car le cinéma n'est pas la vie ! Y-a-t-il une vie avant la vie et une vie après la mort ? Au cinéma, la vie, c'est à l'écriture et c'est au montage qu'on la réécrit. J'aime la vie et le cinéma. Je pense que tout a un sens,mais il y a une multitude des possibles dans la vie d'un homme. Ce sont des questions que je me pose, l'essentiel dans le film est cela, ce sont des questions existentielles : il n'y a que des questions et beaucoup de non réponses. je trouve que le temps a une dimension poétique. J'avais lu le dernier livre d'un éminent scientifique "La fin des certitudes", qui remettait tout en question sur son travail : c'est un peu ce que j'ai fait. Ce qui m'intéresse aussi dans mon travail, que ce soit en écrivant ou en réalisant, c'est ce qui m'échappe. Je cherche aussi, que ce soit beau et cela me dépasse. Je cherche un orgasme cinématographique, et je sais quand c'est chouette : quand ce n'est pas chouette, je n'aime pas. J'aime perdre le contrôle de ce que je fais, et j'aime la part d'inconscience qui en ressortira. Et la curiosité passe par le doute, je ne sais pas pourquoi j'ai fait les choses que j'ai faites. Je ne sais pas si c'est un choix ou une pulsion, ou du passé. Ce qui me guide, c'est le plaisir. C'est pour moi un film expérimental donc, qu'il a fallu produire, car le cinéma, c'est beaucoup d'argent contrairement aux autres arts."
* Ce n'est pas facile de produire un film en Belgique, là vous avez en sus, la France, le Canada et l'Allemagne.
"La Belgique est un pays bordélique. C'est un pays où il faut être fou, sinon on devient dingues ! J'aime travailler avec de jeunes fêlés et avec ce film, notamment au montage. J'ai eu 6 jeunes monteurs qui étaient tous dans la même maison et je tournais au montage, de poste en poste pour voir les propositions qu'ils pouvaient me faire. Cela a fait fonctionner et marcher, le choc des styles."
* Pensez-vous que le public va venir voir ce film atypique ?
"Personnellement, j'arrive à savoir si un film me plaît, mais je ne sais pas s'il va plaire ou pas. Peut être que ça résonne chez les gens, c'est un peu comme une bouteille à la mer. Après plusieurs projection, je peux dire, que je pense qu'il y a une résonance dans le public. Les spectateurs voient quelques chose de différent, cela parle de tous les autres possibles de la vie. Pour les jeunes qui cherchent leur voie, cela leur parle, car c'est leur période d'orientation et de choix, qu'ils soient professionnels ou sentimentaux. Et pour certaines personne plus âgés, ce sont les regrets qui leur apparaissent. Ce film, c'est du ressenti, il faut larguer les amarres pour rentrer dedans !
Propos recueillis par Gérard Chargé.
Photo : Gérard Chargé
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