Zoom Coup de Pouce
Sortie : le 15 Juillet 2009
VU - 3 Zooms
Film français
Réalisé par Alain Guiraudie
Avec Ludovic Berthillot…
Comédie - 1h37 -
Avertissement ! Certaines scènes à caractère sexuel peuvent choquer les plus jeunes.
Rencontre Ciné-Zoom avec Alain Guiraudie à Marseille.
Votez en cliquant sur une étoile : de je n'aime pas... à j'aime à la folie
Titre original : Le roi de l'évasion
Distributeur : Les Films du Losange
Musique originale de Xavier Boussiron
Site officiel : http://www.filmsdulosange.fr
Pourchassés par tous, ils bravent tous les dangers pour vivre cet amour interdit. Ils finissent par créer un drôle de couple. Mais est-ce vraiment de ça dont le vendeur avait rêvé ?...
Notre avis : Une comédie surprenante, qui peut mettre mal à l'aise par l'aspect très cru de certaines séquences, mais, qui n'étant pas gratuites, deviennent acceptables, tant elles sont dans l'univers du film et collées à l'histoire. Une histoire par laquelle on se laisse emporter, même si elle est politiquement incorrecte : une interrogation sur la sexualité approchée avec humour et inventivité. Un cinéma qui ose et qui sort des sentiers battus, tout en nous renvoyant à nos propres enfermements. Nos vies sont cloisonnées et il est bon d'en sortir. Un film qui va à l'encontre des idées reçues et qui ouvre sur le respect de l'autre, tout en restant très nature. Les comédiens sont d'un grand naturel également et participent grandement au discours universel de ce film qui mérite un coup de pouce ! Gérard Chargé - 3 Zooms -
© Les Films du Losange
Rencontre Ciné-Zoom avec Alain Guiraudie à Marseille, au Cinéma Variétés.Ciné-Zoom : Comment placez-vous ce film, par rapport aux autres films que vous avez réalisés ?
Alain Guiraudie : "Ce film, c'est ma crise de la quarantaine, ce sont mes angoisses mélangées à quelque chose d'universel, la sexualité. Si je parle des homosexuels dans mes films, je n'en fais pas une thématique, c'est un questionnement. Le personnage joué par Ludovic Berthillon, se pose la question, que si les hétéros existent depuis des milliers d'années, c'est qu'il doit y avoir une raison et qu'elle doit être bonne... Hafsia Herzi, qui est l'adolescente qui fait découvrir l'amour au personnage de Ludovic, est une adolescente énervée et cela m'intéresse depuis longtemps. De plus le rapport d'âge entre eux est quelque chose que l'on voit dans nos vies de tous les jours, mais au cinéma, on en parle pas. Alors c'était drôle de montrer un "gay" de 40 ans avec une ado de 16 ans, pour parler de préoccupation plus politiques et plus sociales. Les paysans, on ne les voit pas au cinéma non plus, sexuellement. Mais il ne faut pas généraliser : certains spectateurs de chez moi dans le Tarn (je suis issu d'une famille de paysan), m'ont dit, qu'ils avaient peur qu'ailleurs on croit qu'il y avait autant d'homos dans leur département. C'est simplement que je parle de ce milieu-là entre autres dans le film, et c'est vrai, ils sont souvent entre eux. L'essentiel est qu'ils aient bien ri de ces situations, tout en gardant un regard respectueux. La comédie était essentielle, j'aime bien déplomber les problèmes très graves, cela fait passer la chose. J'ai je le vois depuis Cannes, une résonnance plus large avec ce film, il est plus accessible que mes précédents. L'humour, c'est une complicité avec les autres : plus il est dur à trouver, meilleur il est..."
CZ : Et les "dourougnes", ces champignons désinhibants aux vertus exceptionnelles, de quoi vous êtes-vous inspiré pour les faire sortir de votre imagination ?
AG : "C'est un mélange de pomme de terre, avec la légende de la mandragore médiévale, une tubercule qui poussait au pied des pendus et lorsqu'on la mangeait, on tombait amoureux de l'autre. Car vous savez que les pendus ont une éjaculation avant de mourir. J'ai donc immaginé mélanger cela, avec les substances actuelles vendues en pharmacies ou dans les supermarchés, Viagra et autres, mais en version bio..."
CZ : Comment travaillez-vous avec les comédiens ?
AG : "J'utilise la façon d'être des comédiens, pour moi c'est essentiel. "Les comédiens, c'est 80% de la mise en scène" dissait John Ford.
CZ : Comment définiriez-vous vos films ?
AG : "Pour aller vers le vraisemblable, je définirais mes films, plus naturalistes que réalistes. Celui-ci est un film naturaliste, près de la nature des choses, des gens. C'est un monde qui s'accorde à mes désirs... Je voulais en même temps en faire un film d'aventures, d'où le titre "Le roi de l'évasion", c'est très méthaphorique et j'ai la liberté dans le ton, la narration, les personnages et leurs corps. Armand est prisonnier de ses désirs, de sa nature. Comme le dit le personnage joué par Jean Toscan (qui avait joué dans le "Manon des sources" de Pagnol), il y a une invitation à "débander de temps en temps, car l'essentiel et de continuer à avoir envie." Aujourd'hui, on est dans la cosommation du sexe à outrance, avec Internet, les clubs échangistes, et il est bon de revenir à la drague et susciter le désir."
CZ : Vous êtes considéré comme un des rares auteurs du cinéma français, comment réagissez-vous à ça ?
AG : "Avec la Nouvelle Vague, les réalisateurs étaient considérés comme auteurs, car réalisaient les films qu'ils écrivaient. Je me suis toujours battu contre ça, carseul, on ne fait rien : un auteur est pour moi une personne qui sait s'entourer et faire un travail de groupe avec son univers. Sans les autres, on ne peut pas créer.Cette notion d'auteur, est vraiment à remettre en cause en France, car sur un scénario précédent, j'ai un producteur, qui a refusé qu'une histoire que j'avais écrite, soit réalisé par quelqu'un d'autre, car je me suis retiré du projet. De plus, je voudrais réaliser le scénario de quelqu'un d'autre, je suis à la recherche : mais on ne me fait pas passer les scénarii, car on croit que c'est une plaisanterie..."
Propos recueillis par Gérard Chargé
< Préc | Suivant > |
---|