Zoom Français
Sortie : le 20 Août 2008
VU - 3 Zooms
Film français
Réalisé par Anne Fontaine
Avec Fabrice Luchini…
Comédie dramatique - 1h35 -
Titre original : La fille de Monaco
Distributeur : Warner Bros.
Musique originale de Philippe Rombi
Site officiel : http://www.lafilledemonaco-lefilm.com/
Notre avis : Un questionnement sur l'amour et le sexe, comme Anne Fontaine aime le faire : en titillant le sujet. Une réflexion, sur des attitudes amoureuses qui nous interpellent et qui résonnent en chacun de nous. Une confrontation entre le cérébral et la pratique sexuelle, fort judicieuse. La rencontre Fabrice Luchini / Roschdy Zem est efficace. Un rôle en or pour Luchini, un type de personnage qu'il adore et qu'il interprète avec jubilation, aussi bien pour lui, que pour le spectateur. Roschdy Zem est impérial dans un rôle qui nécessite une grande présence, avec peu de dialogues : sa prestance est remarquable. Quand à Louise Bourgoin, suite à ce qu'elle montre dans le film, elle reprend ce qu'elle fait sur Canal +, jouant en plus une jeune femme fatale et sexy, comme beaucoup d'actrices auraient pu le faire. Elle devra prouver dans l'avenir, ces dons de véritables comédiennes, laissons-lui le temps, elle débute. Anne Fontaine, cette fois-ci avec une intrigue policière, nous prouve que tous les genres peuvent lui convenir. Une réalisatrice que l'on aime. Gérard Chargé - 3 Zooms -
Photos de Gérard Chargé.
Anne Fontaine "Fabrice Luchini m'a demandé d'écrire un rôle pour lui, il se voyait bien en séducteur de femmes. Pour moi, le confronter dans une extase sexuelle, c'était un aboutissement, une vision que j'avais sur lui. Cela l'a étonné et c'est ce résultat dans le film, qui est un peu lui. On a tourné à Monaco, car suite à une invitation de la famille princière j'avais vu Fabrice lors de la tournée d'une de ses pièces. Le concept de la Ville même est sujet à fictions. Il y a deux classes sociales : les monégasques au service des nantis. Etre en équilibre et en déséquilibre, telle est la construction du film. Si le personnage central est un avocat, c'est que les avocats sont prisonniers de leur fonction. L'idée de "coucher" obsède le personnage, c'est un intellectuel par rapport au sexe. On est façonné par ce que l'on n'est pas. Un film fait avancer dans l'inconnu. Je prépare en ce moment mon prochain film avec Audrey Tautou : COCO CHANEL."
Fabrice Luchini "Pour mes rôles, je lis beaucoup le scénario et je travaille les rôles avec mon corps, qui est un instrument assoupli par le travail quotidien au théâtre. Au cinéma, je ne prépare rien, mais je connais mon texte. Je ne fais pas de travail intellectuel contrairement à ce que l'on pourrait croire, ni psychologique. "Je parle, tu m'écoutes, je te réponds" disait Louis Jouvet. J'aime beaucoup maîtriser un métier, mais là c'est remis en cause tout le temps. Je vois maintenant ce métier comme un pur plaisir, s'il n'y a pas de plaisir, je ne le fais pas. J'ai proposé Louise Bourgoin, comme dans le film, à Anne : je l'avais vu sur Canal + dans ses présentations spéciales de la météo. Mon personnage est cette fois-ci un avocat retenu et contenu. Cela m'a amusé de jouer cet homme qui se questionne sur les femmes. Dans ma vie, mon centre d'intérêt a été d'essayer de comprendre les femmes. Quarante ans que je ne comprends pas le continent noir dont parlait Freud. Dans ma vie, je n'ai pas été déçu par l'amitié amoureuse, mais déçu par les relations amoureuses. Les relations passionnantes, plutôt que passionnées, c'est ce qui me plait le plus. Passionné, on ne voit pas l'autre. Il m'a fallut trente ans d'analyse pour arriver à cela. Le plus important, c'est ce qui vous échappe. J'ai un problème avec le désir qui est très séparé des sentiments, la libido salit."
"Je ne suis pas bobo. On est tous dans la journée plusieurs personnes, "Lire, c'est écouter" disait Nietzsche. je ne suis plus jaloux, si une femme me garde une belle place dans sa vie."
Roschdy Zem "Mon personnage, c'est un rôle que j'ai envie de défendre, pour lui, les choses sont simples, tout est franc et sans ambiguïté. Il est carré et à l'opposé de l'ambiguïté. La difficulté d'interprétation résidait dans le fait de trouver des subtilités pour qu'il ne soit pas trop carré. Il est assez souriant de temps en temps, pour un garde du corps. Je me suis amusé à regarder ces gens, surtout, pour la tournée de "Indigènes", on en avait trois chacun. Ils s'inventent un rôle, même si on ne vous reconnait pas, il écartent les gens. On dirait qu'il va y avoir une guerre mondiale à chaque déplacement. Tout cela est visible à Cannes au Festival, et tout le monde joue le jeu. C'est un personnage, qui est à la bonne place."
"On a donc tourné à Monaco, c'est une bulle et l'on croit que rien ne peut arriver. On est dans une ville fabriquée, sans délinquants, sans prostitution, sans drogue. On est un peu dans "The Truman Show"."
"J'avais un a priori sur Fabrice et j'ai rencontré une personne ouverte, avec qui on a beaucoup échangé. Louise est plus populaire que nous, c'est elle la Star du film, et elle débute. C'était un tournage heureux et cela facilite les relations. On a vraiment l'impression de faire du cinéma avec Anne. C'est un film basé sur la légèreté, je n'ai pas essayé de rivaliser avec Fabrice. J'essaie de faire du cinéma, il n'y a pas qu'un genre, je ne veux pas m'ancrer dans un genre. J'ai aussi bien envie d'aller voir "Valse avec Bachir" que "Hanckok". Le spectateur n'est pas si dupe. Je serais en danger lorsque je ne douterai plus, ce qui me fait avancer jusqu'ici, c'est le doute. Il n'y a pas plus de danger qu'être un acteur "bancable". Je suis persuadé, que je ne peux pas tout faire. Pour Christophe, mon personnage, je l'ai abordé du côté physique."
Louise Bourgoin "Le film est un trio. Fabrice est juste en permanence, et cela était facile au contraire de ce que l'on pourrait croire, de jouer avec lui. Il m'a rassurée. Je joue avec mon intonation à moi, en exagérant certaines situations de la vie."
"Mes parents sont profs et j'ai été attiré par l'enseignement. J'ai fait les Beaux Arts et des études d'Arts Plastique, puis j'ai bifurqué comme animatrice sur Disney Channel - cela m'a beaucoup aidé pour Canal +. J'écris mes sketchs moi-même, c'est une prise de tête tous les jours. Je ne veux pas arrêter, car j'ai plein d'idées, la météo est un prétexte au jeu. Pour le cinéma, je reçois un scénario par semaine, je suis souvent déçue. Lorsque j'écris pour moi, ou que je joue, je ne pense jamais à mon physique. Les bulletins météo sont ce que je suis vraiment : animalité et inconscience d'être face à trois millions de personnes. Mon regard différent sur les choses est due à mes cinq ans de Beaux Arts. "La fille de Monaco" a un peu un côté masculin et macho. Je pense avoir plus d'avenir au cinéma. J'ai préparé 2 x 52 minutes sur l'Art Contemporain pour la télé. Je continue pour le cinéma un film de Gilles Marchand "Black Even" où je suis une gothique suicidaire. Puis un road movie de Vanessa David : "Sweet Valentine"."
Propos recueillis et photos par Gérard Chargé.
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