Ciné-Zoom

L'histoire : "Je veux que les spectateurs se disputent en sortant de la salle", c'est ce que disait Patric Jean en tournant "La Domination masculine".

Peut-on croire qu'au XXIème siècle, des hommes exigent le retour aux valeurs ancestrales du patriarcat : les femmes à la cuisine et les hommes au pouvoir ? Peut-on imaginer que des jeunes femmes instruites recherchent un "compagnon dominant" ? Que penser d'hommes qui subissent une opération d'allongement du pénis, "comme on achète une grosse voiture" ?

Si ces tendances peuvent de prime abord sembler marginales, le film nous démontre que nos attitudes collent rarement à nos discours.
L'illusion de l'égalité cache un abîme d'injustice quotidienne que nous ne voulons plus voir.

A travers des séquences drôles, ahurissantes et parfois dramatiques, le film nous oblige à nous positionner sur un terrain où chacun pense détenir une vérité.

Notre avis : Ce film est un hymne à la femme et aux égalités, même si le réalisateur n'approuve pas que l'on définisse son film ainsi. En tout cas, cela suscitera débat et discussion, car il y a des choses que l'on aime  et d'autres que l'on aime pas, dans son film et qui lorsque l'on est un homme, on a honte d'en être un ! C'est un constat et un combat qui n'est pas terminé, bien que la femme ce soit émancipée, mais nous sommes toujours dans une société dominée par l'homme. Un documentaire à ne pas manquer.  Gérard Chargé - 3 Zooms -

 

 

Rencontre Ciné-Zoom avec le réalisateur au Festival d'Automne de Gardanne 2009.

 

Patric Jean "Il était évident pour moi, de traiter ce sujet et il est dans la continuité de mon travail de réalisateur. Ce qui m'intéresse, c'est le rapport de domination dans la société. Je suis quelqu'un qui est hyper dominant, et j'essaie avec mes films de détruire cela. A la vue de mon film, on peut avoir honte d'être un homme, je remets en cause, la domination de lhomme dans la pratique. Ce n'est pas simple, c'est à déconstruire et c'est le travail de toute une vie, de tout un chacun. On ne peut pas remettre en cause les privilèges individuellement, c'est un problème de société. En général, les femmes sont mieux éduquées que les hommes. Je ne trouve pas que ce film est un hommage aux femme, il y a des femmes aussi mauvaises que certains hommes. J'aime bien faire mal au public".

 

"Quand on parle de violence conjugale, c'est un des thème du film, on parle des statistiques, le plus généralement. Mais quand on va dans les lieux d'accueil de femmes battues, on rencontre des femmes "coupées en morceaux". Dans le film, on a pas tout montré, on a été plutôt gentils, car la réalité est encore pire. Au Québec, comme je le montre, les féministes ont gagné plus de choses qu'en France ou en Belgique, mais il y a des retour de médailles, avec des groupes d'hommes, qui s'organisent contre les femmes et c'est ce qui se passe déjà ici et cela va aller dans le même sens. Là-bas, la violence conjugale est une priorité pour la police, ce qui n'est pas le cas en France".

 

"Je pense, que c'est en militant et en parlant, que lon peut attirer l'attention sur ce genre de choses."

 

 

Photo : Gérard Chargé