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LA MESURE DES CHOSES

( 1 Vote )
LA MESURE DES CHOSESSortie : le 9 Novembre 2022
VU - 3 Zooms -
Film belge, français
Réalisé
par Patric Jean
Avec la voix de Jacques Gamblin…
Documentaire – 1h30 -

Pas de rencontre pour ce film, on n'a pas mesuré !

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Mention spéciale au 36éme FIFF
Festival international du Film Francophone de Namur
 
LA MESURE DES CHOSES
 
Titre original : La Mesure des choses

Distributeur : Espéranza Production et Les Films des Deux Rives

LA MESURE DES CHOSES
Musique originale : Jean-Paul Dessy et l'Ensemble Musiques Nouvelles

Avec la voix de Jacques Gamblin…

LA MESURE DES CHOSES
L'histoire : En Méditerranée, un lieu réel et fictif à la fois, la voix de Dédale donne les derniers conseils de sagesse à Icare qui s’apprête à s’envoler. Ce faisant, il questionne notre monde contemporain où se mêlent la destruction, mais aussi la beauté et l’humanité. Comme une gigantesque promenade poétique tout autour de la mer, le film nous questionne avec une urgence étonnante : notre volonté de mesurer le monde pour le maitriser n’est-elle pas tombée dans une démesure qui perd son sens pour l’être humain et nous fait nous brûler les ailes ? Une invitation pleine d’espoir aux prochaines générations à trouver la « juste mesure »…
 
LA MESURE DES CHOSES
Peut-être connaissez-vous Patric Jean en tant qu’auteur ou réalisateur. Porté par la voix de Jacques Gamblin « La mesure des choses » invite à un voyage poétique en Méditerranée où se croisent  pêcheurs, sauveteurs, migrants ou scientifiques, proposant ainsi une réflexion sur l’état de la planète. 
Le film démarre en Crète, lieu de la légende de Dédale et de son fils Icare : il lui recommande de ne pas voler ni trop haut, ni trop bas et de chercher la juste mesure. En volant trop haut, Icare s’est brulé les ailes.
De la Méditerranée jusqu’en Afrique le film nous confronte à regarder le monde transformé par l’Homme et comment celui-ci « brule ses ailes » à force de vouloir, tout dominer, contrôler ou de ne pas comprendre la « juste mesure des choses ».  
Notre avis : La planète se meurt et court à sa perte : les jeunes doivent reprendre en main les erreurs de leurs aînés, sans se brûler les ailes ! C'est ce que l'on peut déduire du message véhiculé ici. L'homme a détruit son environnement pour la course aux profits, au nom de l'or et de l'argent... Une réflexion qui se ressent (plutôt que de faire de grands discours), et qui se profile au fur et à mesure que le film se déroule sous nos yeux. Un constat sur l'état de la planète et des êtres humains qui l'habitent, dans des conditions précaires et inhumaines. Certaines images nous touchent profondément... Le film est d'une grande esthétique visuelle, avec des images superbes aux paysages magnifiques, un cadre soigné qui montre la magnificence de l'Art et la laideur d'un quotidien inadmissible, avec la même lumière (une photographie jamais glauque). De plus le texte (écrit pour la circonstance par l'auteur), dit par Jacques Gamblin de Dédale s'adressant à son fils Icare ponctue fort à propos les images et les témoignages de vie qui se suivent. Un film nécessaire pour comment changer la face du monde ! Gérard Chargé - 3 Zooms -
 
Biographie du  réalisateur : Patric JEAN

Philologue de formation, il a réalisé des films avec un grand engagement, provoquant souvent la polémique sur des questions politiques et sociales, qui ont reçu de nombreux et prestigieux prix à l’international. Il est également l’auteur de livres dont, en 2020 « La loi des Pères » (éd du Rocher). 

LIVRES
Pas client, plaidoyer masculin pour abolir la prostitution Editions Zéromacho, 2012 
Les hommes veulent-ils l’égalité ? Editions Belin et Laboratoire de l’égalité, 2015 
La loi des Pères (essai) Editions du Rocher, février 2020. 

FILMS DE CINÉMA ET DE TÉLÉVISION 
Les enfants du Borinage, lettre à Henri Storck - Documentaire, 1999
Traces - Court métrage d’après les œuvres du peintre Didier Mahieu, 2000. 
La raison du plus fort – Long- métrage documentaire, 2003 (sorti en salles en 2005). Trois portraits de la collection documentaire Visages d’Europe de ARTE, 2006. 
Akhetaton - Documentaire pour la collection Foyers de la création de ARTE. 2007. 
D’un mur l’autre – de Berlin à Ceuta Long métrage documentaire, 2007 
La Domination masculine - Long métrage, sortie en salles, distribution UGC en 2009. 
Affaire privée - Film documentaire, 2016. 
Le Monde Parfait - Documentaire, ARTE, 2019. 
La mesure des choses - Long métrage documentaire cinéma, 2020 Conversations avec Françoise Héritier - Coffret vidéo d’entretiens filmés avec la célèbre anthropologue.  
 
Entretien avec Patric Jean 

Pourquoi ce titre ? 
C’est au cours d’une discussion avec le philosophe belge Edouard Delruelle, qui a nourri l’écriture du film, que l’expression nous est venue. Mesurer, c’est s’émanciper par la compréhension du monde mais c’est aussi délimiter, limiter, s’approprier. Comme le dit Delruelle, la pensée coloniale par exemple est très largement empreinte de cette volonté de quadriller, de mesurer. Mais en français, la mesure a aussi le sens de la modération, de l’équilibre. Avec son contraire, la démesure. Celle-ci étant le thème du film, la « mesure des choses » s’imposait. 

Vous avez donné une place centrale à l’esthétique dans ce film… 
J’ai toujours été attentif à la forme de mes films. Le cinéma est d’abord une forme. Même quand on traite de la misère. On ne filme pas pauvrement les pauvres, c’est une question de respect. Mais on ne transforme pas la détresse en beauté non plus. Il faut trouver la voie étroite qui sépare les deux écueils. Dans ce film, la démesure humaine m’offrait des situations à la fois hideuses et envoutantes. Mais d’autre part, j’ai travaillé dès l’écriture avec le plasticien Didier Mahieu qui est un vieux compagnon de route. Il s’agissait pour nous d’évoquer la beauté du monde, et du geste humain, comme solution à la démesure. La beauté ne se mesure pas, elle n’a pas de prix, elle nous ramène à ce qui nous est essentiel à nous, êtres humains, dont la partie subjective, émotionnelle, affective a été négligée par la modernité technologique et à l’économie de marché. Sans parler de la beauté du monde que l’on détruit évidemment. Notre capacité à nous émerveiller de la beauté des choses est un ferment d’espoir. Quand je filme ce garçon semi-esclave qui vit dans un bidonville espagnol, je fais tout pour le rendre le plus beau possible. Car si je l’ai choisi, c’est qu’il m’a touché, que quelque chose s’est passé entre nous, qu’il m’a offert sa présence et sa confiance. Il m’a dit des choses qui m’ont bouleversé. Ce moment passé avec lui dans cet endroit indigne était un très beau moment entre des êtres humains. 

Est-ce un film politique ? 
C’est avant tout un film politique. « Créer, c’est résister à ce qui entend contrôler nos vies » disait Deleuze. A travers la voix de Dédale dont j’ai imaginé les derniers mots à son fils devant un saut dans le vide (ce que nous vivons par ailleurs collectivement aujourd’hui) j’oppose la fascination pour la beauté du monde à la volonté d’accumuler des richesses en détruisant justement celle-ci. Et quand je parle du monde, j’y place évidemment aussi (mais pas seulement) l’humanité. La société technologique et industrielle s’est résolue à mettre la mesure au centre de tout. Il faut de la « croissance » qui n’est qu’une unité de mesure, quelles qu’en soient les conséquences pour les humains, la destruction de la planète, le réchauffement climatique. Avec des cercles vicieux où la destruction (les forets par exemple) entraine des catastrophes (les virus comme le Covid-19 ou le Chapare en Bolivie). Le film se situe donc, sans le dire, dans une critique radicale de la société de marché dans ce qu’elle a de plus destructeur. Mais, en allant plus loin, dans un questionnement sur qui nous sommes vraiment, nous les humains ? La question semble saugrenue et pourtant elle revient sans cesse dans l’histoire. Si nous ne sommes plus des enfants d’un dieu, ni le centre de l’univers du vivant qui nous appartiendrait, qui sommes-nous ? 

Pourquoi la Méditerranée ? 
D’abord l’idée m’est venue du mythe antique du labyrinthe que l’on situe fictivement en Crète. Mahieu travaillait sur le thème d’Icare quand j’ai commencé à écrire. D’autre part, parce que c’est un lieu emblématique selon différents facteurs : destruction de la faune et la flore sous-marine, tourisme de masse, inégalités sociales, migrations dans les conditions les plus terribles. Cet espace résume tous nos problèmes à lui-seul. Il est le berceau de nombreuses civilisations et il nous en raconte la destruction. 

Vous dites que votre film est un « essai » ? 
Oui. Sans doute plus encore que mes autres films comme « Les Enfants du Borinage » ou « La Raison du plus fort » par exemple. L’essai cinématographique est pour moi le genre le plus noble. C’est celui de Marker, Resnais, Godard, van der Keuken, Pelechian… Mais on le dit également de certains films de Fellini et de Pasolini. C’est donc un genre très vaste, sans règles bien définies si ce n’est qu’il joue souvent d’une poésie née de la juxtaposition. Il n’est pas de la fiction bien qu’il fictionnalise le réel et il fait voir le réel sans le documenter. Il suit le fil de sa propre pensée à la façon des structuralistes. Et il laisse donc une grande place à l’imagination du spectateur et à la poésie. 

Vous jouez beaucoup sur les symboles dans le film 
Oui, parfois à mon corps défendant. Avec ma caméra, je tente de rassembler ce qui est épars. De jouer avec quelques éléments pour raconter le monde. L’eau de la mer, la terre écrasée de soleil, le feu de l’industrie ou de l’artiste dans son atelier, le vent qui balaie les côtes et les îles grecques. Mais immanquablement, la question de la mesure ramène à des symboliques connues, celles des instruments de mesure, des outils. Certains lieux aussi comme Gibraltar, cette porte de la Méditerranée prise entre deux colonnes qui se font face… 
 
Vous avez tourné dans des lieux terribles comme ce camp de réfugiés. 
Le camp de Moria à Lesbos, qui a brûlé depuis. J’avais déjà vu des camps de réfugiés, mais celui-là… A part les Médecins sans frontières dont le travail est exemplaire, il n’y a là qu’un champ d’Oliviers battu par les vents, la chaleur, la pluie, la neige où des milliers de gens, surtout des enfants, croupissent sous des morceaux de plastique tendus, imprimés du drapeau européen. C’est simplement l’enfer. Une honte pour l’Europe. 

Le film se termine par une dédicace… 
Oui. « A la jeunesse qui se soulève ». Nous avons la chance d’être suivis par une jeunesse formidable mais qui doit payer le prix de nos erreurs. C’est exactement la situation de Dédale et Icare. Mais le film se termine sur une incantation, un espoir, un vol. Ce n’est pas Icare qui veut dépasser sa condition et en meurt. Le film est dédié à la jeunesse qui nous regarde dans les yeux et nous dit « comment osez-vous ? ». 
 

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