Zoom Coup de FoudreSortie : le 2 Novembre 2011
VU - 4 Zooms
Film français, marocain
Réalisé par Radu Mihaileanu
Avec Leïla Bekhti…
Comédie dramatique - 2h04 -
Rencontre Ciné-Zoom Photos et Interviews avec l'équipe au Festival de Cannes 2011 et à Marseille au cinéma César.
POUR LES MARSEILLAIS : Avant Première mardi 11 octobre au César à 20h. En présence de Radu Mihaileanu le réalisateur, mais aussi des comédiennes Hafsia Herzi et Sabrina Ouazani. EuropaCorp, Ciné-Zooms, Les Variétés et Magma vous ont offert des places pour cette séance.
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SÉLECTION OFFICIELLE EN COMPETITION AU
64ème FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE CANNES 2011
Titre original : La source des femmes
Distributeur : EuropaCorp Distribution
Musique originale de Armand Amar
Avec aussi : Hafsia Herzi, Zinedine Soualem, Sabrina Ouazani, Malek Akhmiss, Saad Tsouli, Biyouna, Saleh bakri, Hiam Abass, Mohamed Majd, Amal Atrach…
L'histoire : Dans un petit village, quelque part entre l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, la tradition impose aux femmes d'aller chercher l'eau à la source, en haut de la montagne, sous un soleil de plomb. Une jeune mariée, propose aux femmes de faire la grève de l'amour : plus de sexe tant que les hommes n’apportent pas l’eau au village…
Notre avis : Un superbe hommage aux femmes, sur l’égalité des sexes et sur les droits que celles-ci revendiquent. Cela va au-delà de cette histoire d’eau, qui en amène certaines à vivre un drame, par la perte d’un futur bébé causée par le transport de l’eau quotidienne qui doit subvenir au besoin du village. Une superbe solidarité féminine, qui soulève tous les problèmes.,. que les sociétés machistes imposent. L’humour dédramatise les dures conditions de vie au quotidien de ces femmes courageuses et dignes. Les comédiennes sont toutes formidables, dans un casting homogène. Un film nécessaire, pour que les hommes prennent conscience que les femmes doivent être respectées et sont nos égales et pour que les femmes continuent le combat pour l’obtention de leurs droits. La femme a toujours été l'avenir de l'homme ! Et pourquoi pas en faisant la grève de l’amour, c'est une très bonne idée ! Gérard Chargé - 4 Zooms -
Rencontre Ciné-Zoom Photos et Interviews avec l'équipe au Festival de Cannes 2011 et à Marseille au cinéma César.
Radu Mihailaenu « Pour la sortie en salle, il y a 12 minutes de moins, que la version qui a été montrée à Cannes, car le festival nous a contacté le 18 décembre 2010, nous venions de finir le tournage et il a fallut finir le montage pour Avril. On a fait en 4 mois, ce qu’on devait faire en 9 mois, c’est pour cela que nous avons fait des coupes par rapport à la version vue à Cannes. »
Radu Mihailaenu « En 2006, au Maroc, j’ai rencontré des femmes extraordinaires, elles avaient un savoir ancestral, qu’elles m’ont raconté. Elles m’ont touchées… J’ai passé beaucoup de temps dans un village. Je voulais les raconter, en racontant leur vie quotidienne. Je me suis aussi inspiré d’un fait-divers, que j’ai lu dans Libération, qui s’est déroulé en Turquie, où les femmes d’un village qui devaient apporter l’eau de la source au village, et qui suite à de nombreuses morts d’enfants portés par les femmes enceintes, ont déclenché une grève de l’amour. Néanmoins, n’étant pas musulman, ni femme, mon producteur m’a convaincu pour faire ce film, et je voulais qu’il soit en langue arabe. C’est mon premier film, dans une langue que je ne comprenais pas. Il fallait aussi faire apprendre le marocain dialectal, à tous les comédiens, et
rendre cela crédible. » « Cette histoire parle du spécifique et de l’universel. Dans le Coran, il y a beaucoup de passages, avec énormément de droits pour la femme. Dans cette source du texte original, les hommes avaient écarté cela. Ce n’est pas une religion de la haine, trop de clichés sont véhiculés… L’eau est un cycle de vie, qui dans le futur, pourra déclancher des conflits. Dernièrement, il y a eu ce genre de grève en Colombie, pour endiguer le phénomène du cartel de la drogue et au Philippines, pour que la guerre cesse. Cela est drôle, comme quoi la femme peut devenir un élément de dialogue, par la grève du sexe. Ces grèves se reproduisent de plus en plus. Ici, sur notre continent, la femme a le droit à l’éducation et au travail, mais elle est moins payée : c’est différent, mais elle n’a pas les mêmes droits que les hommes. Il y a beaucoup à faire aussi. La grande crise de l’humanité, c’est la crise de l’amour. On ne s’aime plus soi-même et on n’aime moins l’autre. On ne se pose pas la question de qu’est-ce qui faut faire pour l’autre. Il faut retrouver le temps, c’est la révolution qu’il faudrait faire : une grande révolution. Qui suis-je et que sommes nous comme êtres humains ? Il faut ralentir le temps. On veut que nos sentiments soient amortis, dans un temps court aussi : réglons cela et tout ira mieux. »
Leïla Bekhti « J’avais perdu la langue, je connaissais le dialecte algérien et je m’y suis remise. A la lecture du scénario, j’ai vu que c’était une ode à l’amour, pour mieux se regarder, se comprendre. C’est un des plus grands problèmes dans le monde à l’heure actuelle. Ce ne sont pas les femmes contre les hommes : la source de la femme, c’est l’amour et c’est aussi l’homme. La clé de la liberté, c’est le savoir et l’instinct du cœur. Comme disait Gainsbourg : « La vie ne vaut pas d’être vécue sans amour. »
Hiam Abbass « Le monde s’ouvre, cela fait parti du travail du comédien, de faire des films en langues étrangères. Mon rôle est différent de toutes ces femmes. Cette belle mère, c’est une femme qui a loupé sa route, elle est devenue très acariâtre et amère. On ne peut pas avancer dans la vie, sans l’éducation, pour se mettre ensemble, pour avancer. C’est aussi un appel des pays pauvres, vers les pays riches. Chaque être humain apporte ce qu’il peut, pour être responsable. »
Biyouna « Le marocain, c’était vraiment difficile pour moi, algéroise de souche. J’étais donc comme un vampire, en plus il a fallut que je bronze (rires), mais ce film est un très beau cadeau. Heureusement que Radu avait les clés, il m’a fait sortir des tiroirs, que j'avais en moi, que je ne me connaissais pas. On adore nos hommes, mais il faut qu’ils discutent avec les femmes. Il faut leur donner la dignité. Dans le Coran, le paradis est sous les pieds de la maman, il parle de belles choses sur la femme. »
Radu Mihailaenu « Ce film, ce n’est pas une guerre contre les hommes. La femme doit être l’égale de l’homme. Les femmes revendiquent leurs droits pour l’attention. On veux juste que les hommes soient attentifs. Le futur est femme, le film c’est ça et la femme a besoin de l’homme et inversement. Les révolutions arabes, c’est un grand espoir. J’ai écrit ce film dans le but, que ce sont les femmes, qui allaient amener un changement : l’accès à l’éducation pour elles et arriver dans les postes politiques. Je suis tous ces mouvements de près. En Tunisie, elles sont très nombreuses, dans d’autres pays, elles sont peu. Il faut une révolution à la maison, car il faut qu’elles soient l’égale de l’homme. L’identité intime du film : des femmes modérées et lumineuses. »
Sabrina Ouazani « Avec Hafsia, on ne parle pas l’arabe, on a travaillé avec un coach. On a aussi rencontré ces femmes du village où l’on a tourné : il fallait se lâcher, j’avais un peu honte. On a appris à les connaître, en partageant leur vie activement. On était devenu comme elles, nous faisions la vaisselle à leur façon, le pain, le thé, le balayage. Ce sont des femmes exceptionnelles, qui vous donnent ce qu’elles ont. On a appris le texte, sans se consacrer au jeu au début, juste pour maîtriser la langue. Ce qui restera pour moi de ce film, c’est la rencontre avec toutes ces femmes, nos retrouvailles à Cannes. C’est un message de paix et d’humanité qui restera, car c’est une leçon de vie grâce à elles. Je suis encore touchée, par ces femmes qui nous ont donné toutes leurs bonnes énergies. On est rentré dans leurs maisons, mais aussi dans leur vie. On donne ce film, aux femmes du monde entier. Je suis contente de porter ce film, avec ces femmes dignes et belles. »
Hafsia Herzi « Ce film, c’est un coup de cœur pour moi. J’avais déjà tourné en arabe littéraire et en tunisien. Cela a demandé beaucoup de travail en amont : un mois et demi avant le tournage avec les villageois. Pour moi, plein de choses resteront aussi. Je me souviens du texte, c’est pas tous les jours que l’on a la chance de tourner dans un village comme ça. Ces femmes auraient pu être nos mères, nos arrières grands-mères, nos tantes. C’était touchant ! »
Mélange de propos recueillis à Cannes et à Marseille, par Gérard Chargé.
Photos : Thierry Vaslot (A.C.R.)