Ciné-Zoom

Née le 28 Janvier 1945 à Bâle en Suisse, Marthe Keller vit à Berlin-Est. Elle s'oriente vers la danse et suit des cours pendant une dizaine d'années. Mais elle est victime d'un accident de ski à 17 ans et doit renoncer à tout espoir de carrière. Elle se tourne alors vers la comédie et s'inscrit à l'école Stanislavsky de Munich. Après trois ans de formation et quelques apparitions à la télévision, elle entre dans une troupe de répertoire de Heidelberg et joue de nombreux classiques. Elle part ensuite pour Berlin où elle se produit deux ans de suite au Schiller Theater. Au cours de cette période, elle fait ses premiers pas au cinéma avec le film "Mes funérailles". Elle débarque à Paris en 1968 et est engagée par Philippe de Broca pour un rôle secondaire dans "Le Diable par la queue", où son naturel et son côté pétillant (et aussi sa charmante pointe d'accent !) font merveille.

Quelques mois plus tard, elle tourne à nouveau avec le même réalisateur, mais cette fois en vedette, dans "Les caprices de Marie". Elle se taille, par ailleurs, un gros succès dans la pièce de Joe Orton "Un jour dans la mort" de Joe Egg à la Gaîté Montparnasse. Mais c'est la télévision qui la révélera au grand public avec d'abord la série "Arsène Lupin" en 1971, et surtout, un an plus tard, "La demoiselle d'Avignon", où elle donne la réplique à Louis Velle dans une série qui remporta un succès considérable.

Désireuse d'échapper à une quelconque spécialisation, elle se consacre alors à des compositions dramatiques, comme dans "La chute d'un corps" de Michel Polac ou "Vertiges", de l'Italien Mauro Bolognini. En décembre 1975, elle Part aux Etats-Unis pour être la partenaire de Dustin Hoffman dans "Marathon man" de John Schlesinger, elle enchaîne aussitôt sur "Black Sunday" de John Frankenheimer, "Bobby Deerfield" de Sydney Pollack et "Fedora" de Billy Wilder, dans lequel elle interprète le rôle d'une actrice qui voit sa jeunesse s'enfuir. Al Pacino, son partenaire dans "Bobby Deerfield", avait déclaré :"Elle est formidable, et si l'on considère sa beauté, son talent, son rayonnement, elle a toutes les qualités pour devenir une grande star internationale".

Elle poursuit effectivement sa carrière un peu partout dans le monde, et on l'a revu notamment dans le film de Nikita Mikhalkov, "Les yeux noirs", dans "Mémoire traquée" de Patrick Dewolf  en 1991, aux côtés de John Hurt, ou encore dans "Mon amie Max" du canadien Michel Brault et plus récemment dans le film de femmes "Elles", où, atteinte d'un cancer, elle donnait du souci à ses amies interprétées par Marisa Berenson, Miou-Miou, Carmen Maura et Guesch Patti. Enfin, elle apparaissait fugacement dans "K", en chef d'une section d'agents secrets, puis dans "L'école de la chair", où sa fille était la fiancée du jeune homme dont s'entichait Isabelle Huppert. 

Elle est membre du jury lors du Festival de Cannes 1977. Multilingue, partagée entre théâtre (on l'a vu il y a deux ans à Paris dans "Kinkali", au Théâtre de la Colline), télévision dans les pays germaniques et cinéma, Marthe Keller a reçu, en 1992, le prix New York Times pour l'ensemble de sa carrière. Elle préside le jury de la Caméra d'Or en 1994 à Cannes. En 1998 elle interprète "L'école De La Chair" de Benoît Jacquot. L'année suivante, elle se lance dans la mise en scène d'opéras et obtient le Grand Prix de la Critique pour celle du "Dialogue des Carmélites" de Francis Poulenc. On peut également la voir dans "L'Enfant Et Le Loup" de Rod Pridy, "La Nourrice" de Renaud Bertrand et de Claude Scasso. En 2006 elle est membre du jury du 32ème festival du film américain de Deauville. En 2007, Marthe Keller, qui s'est notamment spécialisé dans la mise en scène d'opéras, est à l'affiche du drame "UV", aux côtés de Jacques Dutronc.