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LE NOIR (TE) VOUS VA SI BIEN

( 7 Votes )

LE NOIR (TE) VOUS VA SI BIENZoom Coup de Pouce

Sortie : le 5 Décembre 2012

VU - 3 Zooms

Film français
Ecrit et réalisé
par Jacques Bral
Avec Sofiia Manousha…
Drame – 1h28 -

Rencontre Ciné-Zoom  Photos et Interviews avec les comédiens au Cinéma Variétés à Marseille.

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Titre original : Le noir (te) vous va si bien

Distributeur : Thunder Films International


Musique originale de Nathaniel Méchaly
 


Site officiel : NC
 
Avec aussi : Lounès Tazairt, Grégoire Leprince-Ringuet, Thierry Lhermitte, Elise Lhomeau, Souad Amidou, Julien Baumgartner, Salim Kechiouche, Delphine Rich, Sid Ahmed Agoumi, Magid Bouali, Lisa Makhedjouf…


L'histoire : Une famille orientale émigrée, en Europe. Moncef, le père, porte en lui la souffrance du déracinement et le poids de « l’ailleurs ». Sauvegarder sa culture, vivre dans le respect des traditions, c’est pour lui, plus qu’une règle de vie, une manière de rester fidèle à son passé, à son origine et surtout … à lui-même.

Chaque matin, Cobra, sa fille, quitte la maison familiale. Voilée. Mais chaque matin, elle se change, dans un café, son refuge à elle ; avant de se rendre à son travail, la chevelure et l’esprit libres. A la maison, Moncef est inquiet : Cobra est encore célibataire et il voudrait bien la marier au plus tôt. Dans l’entreprise où Cobra travaille, le jeune patron est tombé amoureux d’elle. Il est prêt à tout pour l’épouser. Mais Cobra, elle, veut choisir, comme sa mère l’avait fait en son temps avec son père. Elle n’aura pas le temps de présenter « l’homme de sa vie » à ses parents. Un ami de son père les surprend. Dans le café…

Notre avis : Une histoire rare au cinéma, qui montre pour une fois ce qui se cache derrière les voiles que portent les femmes musulmanes : tout simplement des femmes, qui ont les mêmes attentes que toute autre femme, l’amour, la compréhension et l’épanouissement. C’est abordé objectivement ici et le film nous montre, la diversité des différents points de vue. Ces femmes et ces jeunes femmes ont une vie avec ou sans le voile et nous ne les regarderons plus de la même façon après ce film, qui lève le voile, si l’on peut dire, sur la stigmatisation qui est faite du sujet. Les vraies questions sont abordées, sur les mariages mixtes, sur les aprioris de chacun. La fin, qui est dramatique, est une mise en garde contre les obscurantismes, même si on aurait préféré une fin plus optimiste tout comme peut finir une histoire d’amour. C'est un point de vue qui existe, mais heureusement, les choses progressent et certaines histoires d'amour finissent bien. C’est une version du réalisateur, on la respecte, en espérant que l’amour entre communauté puisse être de plus en plus ouvert, car seul l’être humain et son bonheur devrait compter. Les comédiens sont touchants, dans une histoire qui nous fera réfléchir à tout ça et débattre vraiment des sectarismes religieux qui empêchent deux êtres qui s’aiment à se réunir. Gérard Chargé – 3 Zooms -

Rencontre Ciné-Zoom  Photos et Interviews avec Sofiia Manousha, Julien Baumgartner, Souad Amidou et Lounès Tazairt, au Cinéma Variétés à Marseille.

Sofiia Manousha (pré-nominée pour les César 2013, avec ce premier grand rôle) "Je trouve que c'est un film très juste, j'ai surtout été interpellée par le personnage de Cobra (le mien), qui est un personnage qui est en dualité permanente : vouloir respecter la tradition familiale et en même temps avoir envie de vivre sa vie de femme. Je pense avoir amené à Cobra, une certaine insouciance et cette légèreté que j'ai en commun avec elle. Je vais à 100 à l'heure, je croque la vie à pleines dents, je suis très curieuse comme elle. Cobra m'a apporté une certaine douceur et un certain calme, car c'est un personnage très intérieur. C'est un film qui m'a parlé tout de suite, car le déracinement est vraiment au centre de questionnements d'aujourd'hui, et d'identité. J'ai aimé Cobra, son innocence, qu'elle n'ait pas conscience de son pouvoir de séduction, son parcours de vie, ce qu'elle décide de faire : c'est un personnage très libre, elle est très forte. Il y a une part de Cobra dans tous les personnages que je joue que ce soit pour le cinéma ou pour la télé. Nous, nous ne parlons pas de religion, mais comment on se positionne entre deux cultures. C'est un film complétement actuel, je ne dis pas d'actualité, et puis on parle d'amour. Cet entre deux est proche de beaucoup de cultures. Je me suis beaucoup inspirée des iraniennes, des libanaises : le déracinement est quelque chose que mes parents ont vécu, mais je suis parfaitement intégrée : je suis franco/marocaine. Je vais souvent au Maroc, mais je suis complétement occidentalisée, donc je ne me pose pas toutes ces questions, mais je comprends que beaucoup de personnes puissent se les poser. Je suis personnellement plus dans le questionnement de moi, comment je veux évoluer. J'ai beaucoup voyager, donc du coup, je me sens bien partout. Je pense que c'est un film qui peut faire réfléchir et en tout cas, s'il peut faire évoluer les mentalités, j'en serais très, très fière... même si ce n'est qu'un grain de sable... je me dirais, on n'a pas fait ce film pour rien. Pour les jeunes, je dirais que le plus important, c'est de s'écouter, de projeter son idée du bonheur et d'essayer de l'atteindre. Pour moi, la vie, c'est plus une quête du bonheur et de l'amour. Justement, j'ai un film qui sort le 26 décembre qui s'intitule PAR AMOUR, où j'ai un des rôles principaux : un film chorale avec Valérie Mairesse."

Julien Baumgartner "On parle très souvent de ce sujet dans les médias, mais on en parle très mal, un peu comme de la ville de Marseille, on s'imagine en y débarquant que c'est le Texas. Il y a des problèmes surement, mais ailleurs aussi... C'est traité, un peu comme quand on parle des musulmans, on stigmatise beaucoup, on s'imagine que..., on nous fait croire que...mais il y a beaucoup d'amour et de positivité dans tout ça aussi. Il y a des gens biens partout, en grande majorité. Je pense qu'on parle mal de tout ! Jacques Bral à travers ce film qui est une tragédie (quelque part comme les tragédies grecques où ce sont les Dieux qui dirigeaient), nous montre des personnages qui subissent des choses beaucoup plus proches de nous, mais cela pourrait être n'importe quelle famille ethnique. Il pose un regard très simple et beau, comme le film est et comme les tragédies antiques. Ce qui peut se passer, se passe aussi dans d'autres communautés. Tous les personnages de son film sont positifs, il porte de l'amour sur eux, même sur le père qui est dépassé par les traditions (par une chose qu'il n'a jamais comprise et qu'il n'a jamais cherché à comprendre), sans porter de jugement négatif sur lui. Mon personnage se fout de la religion, il aime cette fille musulmane, il dit à son père qu'elle est orientale et pour lui, cela ne lui pose aucun souci de la présenter de cette façon et nous nous sommes quoi finalement : occidentaux. C'est un peu comme dans une fable et ça pourrait se passer partout. Je pense qu'il faudrait vivre dans une société libre de tout jugement, de tout communautarisme, de toute religion et soyons heureux, laïques républicains ou autres, mais soyons ouverts. C'est un film qui nous fait voir que la liberté est possible peut être, mais il ne faut pas qu'elle passe par le crime, mais par la liberté, l'amour et l'acceptation de l'autre."

 

Souad Amidou "Ce film, c'est le regard de Jacques Bral, qui est d'origine iranienne et qui a vu comment les femmes sont traitées là-bas. Il a vu le monde changer : il était là-bas au moment du Shah d'Iran. Il a vu la révolution iranienne et est venu en France après. Il a vu la femme se transformer, passer d'une femme comme nous dans les rues ici en France, qui se sont recouvertes d'un seul coup d'un voile noir. Son point de vue sur ce voile noir, sur les femmes, m'a intéressé fortement. Il sait ce qu'il y a sous le voile. Il voulait poser la question de savoir : qui est derrière ce voile ? Et à travers ce symbole, qu'est-ce qu'il y a et qu'est-ce qui est en train de se passer en occident. Il parle d'une jeune femme d'origine musulmane en montrant ce qui se passe derrière ce voile : moi qui suit d'origine musulmane, j'ai été touchée par cette histoire. Il ne prend pas partie, il ne dénonce pas, il regarde. Il ne nous embarque pas dans les clichés. J'ai été déstabilisée à la lecture du scénario, c'est une façon rare de traiter le sujet. Montrer ce qu'il y a en dessous du voile, c'est gonflé ! Pour moi, c'est une comédie tragique, avec une vision poétique, à voir comme un poème onirique. C'est un questionnement et un sujet de discussion pour les jeunes qui sont aujourd'hui plus tiraillés entre leur culture d'origine et leur vie en France, que nous lorsque nous, nous étions jeunes. En 1980, mon premier film comme comédienne - tourné à Marseille par Francis Girod : "Le grand frère", avec Gérard Depardieu -parlait de cela, de l'émigration des gens issus du maghreb et de sa problématique à l'époque. A ce moment-là, pour la jeune actrice que j'étais (originaire du Maroc et à moitié corse), cela  a été facile pour me glisser dans le créneau du cinéma. Je me voyais comme une actrice et en plus, je parlais moins bien l'arabe qu'aujourd'hui. Aujourd'hui, c'est plus difficile, on ne me propose que des rôles ethniques... Pour revenir à cette mère que j'interprète ici, elle ce que dit son mari, doit suivre quand même et fait et amène des choses, en cachette avec ses enfants. Les femmes sont toujours à l'avant-garde et amène les choses en douceur et en biaisant à leur maris. Les jeunes d'aujourd'hui, expriment leur radicalisme, en se voilant plus que leurs parents. C'est une révolte et un repli communautaire. Le cinéma entre autres est un vecteur et un témoin de comment vivent les gens. Ce film est une photo de la France d'aujourd'hui, c'est un film qui suscite le questionnement. C'est une observation et non une attaque !"

Lounès Tazairt "Le père est quelqu'un de très équilibré, dans sa manière de voir les choses, de faire. C'est un émigré qui essaie de faire au mieux pour élever sa famille et amener ses enfants dans la meilleure position possible, notamment sa fille. Qu'est-ce que c'est que les racines, la culture, qu'est-ce que c'est que pour un individu qui vient de l'étranger s'installer dans un pays d'accueil ? Telles sont les questions que pose le film. Il essaie de faire la synthèse de sa propre culture et celle de la Franc, le pays dans lequel il vie. Cet homme a trouvé sont équilibre sur le plan social, il a une situation (il a une épicerie), qu'il aime, mais a un moment il y a ce grain de sable, qu'il n'a pas prévu que sa fille allait grandir et s'éloigner de sa famille et de ses principes. Des données caduques dans le pays d'accueil, qui rentrent en conflit dans l'équation. Il n'est pas du tout fermé, mais lorsque sa fille tombe amoureuse d'un français catholique, il ne sait plus quoi répondre à ça. Il est agit par une force qui le dépasse, la destiné, le mektoub : même s'il évolue, il adviendra pour lui, ce qui est écrit. il ne peut pas comprendre ce qui lui arrive. Il est verrouillé dans sa culture et il ne veut pas être le premier qui va déroger de ces choses-là. En Algérie, le père c'est la cheville ouvrière et le point central de la famille. Tant qu'il est vivant, c'est la référence. Après, c'est la discussion et ce sont des choses qui vont s'estomper avec les enfants. Je pense qu'il y a ceux qui feront la démarche de compréhension, pour regarder les choses autrement, ils les verront autrement. Et il y a ceux qui vont ce buter en disant qu'ils ont raison. Chacun va analyser, regarder et réfléchir au film selon son positionnement idéologique, social, culturel ou humaniste, mais en même temps ce qui est important c'est que ça fasse un petit peu bouger les lignes et naître le débat entre des gens qui ne seraient pas d'accord. Sans parler de religion, ni de Bonne Soeur pour les catholiques, je me souviens en France, il y a 30 ans, les femmes mettaient presque toutes des foulards sur la tête, elles se cachaient les cheveux. Il peut donc y avoir un côté très féminin et très charmant : des musulmanes ne le font que de cette façon-là. Comme dit le titre, le noir vous va si bien..."

Photos et propos recueillis par Gérard Chargé.

 

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